Lorsque je parle de « prise en charge » je voudrais insister sur un point important. Le principal acteur de la prise en charge ce sera vous. La démarche thérapeutique que je propose est une démarche active où vous allez être directement sollicité.
Notre perception de la réalité est créée par nos neurones. Vous l’avez compris : la douleur chronique est presque toujours une défaillance dans les systèmes d’alarme du corps. Elle implique la personne entière et son univers mental : ses représentations du monde, sa culture, son histoire.
Nous allons, ensemble, travailler sur ces représentations pour les modifier. Nous allons, ensemble, travailler sur des stratégies d’adaptation à cette douleur.
S’il est essentiel de comprendre les mécanismes de la douleur, il est également nécessaire de travailler sur la réduction du stress et de l’anxiété qui la majorent et de pratiquer une forme de rééducation cérébrale.
Pour cela vous allez apprendre à reconnaitre, ressentir, identifier et localiser, par exemple, les mécanismes inconscients de contraction de votre corps, reconnaitre, peut-être, les principaux mécanises à l’origine de la douleur : réminiscences d’actes traumatiques qui passent par des contractions de votre corps, sensation de danger, peur…
Vous allez apprendre à vous créer un « lieu de sécurité », à mettre en œuvre des techniques de visualisation, à saturer votre cerveau de messages visant à progressivement éteindre le système d’alarme de votre système nerveux.
Tout cela, vous allez l’apprendre mais personne d’autre que vous ne pourra le mettre en œuvre. C’est un travail, que vous allez peu à peu apprendre à faire seul, et qui demande beaucoup régularité et persévérance.
Très souvent les patients ne sont pas compris par leur entourage, y compris médical. Il n’est pas rare que le patient entende, par exemple, « vous n’avez rien, c’est dans la tête ». Il s’agit là d’une réflexion parfaitement inadaptée, fausse, et disons-le, résolument stupide.
Cependant il est parfaitement exact que tout est toujours « dans la tête ». La douleur chronique est une perception, créée par nos neurones et c’est à la fois une émotion, un souvenir et un réflexe…
La bonne nouvelle, nous l’avons vu, c’est que si votre cerveau se trompe, vous pouvez, de votre côté, apprendre à détromper votre cerveau, à modifier vos perceptions.
Cette douleur qui résiste peut dérouter mais elle est tout sauf imaginaire. La douleur chronique n’a rien à voir avec les tissus biologiques : c’est contre intuitif, bizarre. Cela peut agacer certains professionnels impuissants à la comprendre et la soigner.